Dominique De Beir
Résumé :
Le point est la pierre angulaire de mon travail. Le point comme une écriture et comme une percée, pris dans une gestuelle répétitive. Le point tout à la fois précis et hasardeux. En creux ou en relief, il est la marque unique d’une force appliquée à la surface. Le point est un trou qui pique, perce, érode les supports : les matières « pauvres » telles que le papier, le polystyrène, le carton etc. Il est aussi l’entité de base d’une écriture singulière : le braille. J’utilise le point selon ces deux acceptions : accroc et caractère.
Les termes de prédilection et qui font partis de mon vocabulaire usuel peuvent être altération, trou, ruine, perforation, défaut, rebut, érosion, tache …
En travaillant le papier non seulement en plan mais en épaisseur, je l’accable d’une troisième dimension, j’use de la percée, de la trouée, parfois jusqu’à la limite de la résistance du matériau. Le réel de mon geste essaie de débusquer l’épaisseur du matériau afin de refuser son opacité.
Je me sers de poinçons, stylets, scalpels, échelles à pointes, chaussures cloutées… – à l’origine empruntés à différents secteurs d’activité, mais aujourd’hui conçus et réalisés en collaboration avec des artisans.
Il s’agit d’engager de l’aléatoire, du répétitif et du rythme et de découvrir sa propre gestuelle. Créer est maintenant pour moi obligatoirement associé à une expérience corporelle : je perce, je pique, avec les mains, les pieds ; un rapport immédiat au matériau que j’essaie de pousser à son point de rupture.
Mots-clefs : trou, perforation, ruine, altération, piquer, braille, papier, poinçon, stylet, scapel
Présentation de l’auteur :
Dominique De Beir est née en 1964, elle vit et travaille à Paris et en Picardie maritime. Elle est représentée par la Galerie Réjane Louin (Locquirec) et la Galerie Phoebus (Rotterdam), et Co-fondatrice de Friville Editions depuis 2011.