Manger, une pratique artistique

Barbara Formis

Consulter l’article

Résumé :
Revenir aux gestes de l’alimentation signifie rendre justice à une esthétique du nécessaire, une esthétique jugée souvent trop réaliste, voire laide. Partisans de l’insignifiance, les gestes quotidiens expriment sans rien dire, se montrent sans représenter, se font sans rien produire. Au prix de rester ce qu’ils sont, ils choisissent de disparaître. Leur parti est celui du silence, de la non-production, de la praxis, ou de la pratique. Mais comment conjuguer pratique et art, alors que selon la conception actuelle l’art est tout sauf nécessité, contingence et obligation ? L’art est supposé s’installer dans un domaine de la liberté, de l’émancipation, de la création et non pas de la production. Penser au quotidien à l’œuvre, signifie associer la vie ordinaire avec la création artistique dans une immanence du vécu qui peut troubler les règles conventionnelles de l’art. Mais le quotidien n’est pas simplement dans un rapport conflictuel avec l’art, la vie ordinaire n’est pas l’antithèse de la création artistique. Le quotidien n’est pas l’opposé de l’art, il est peut-être l’autre de l’art, un autre type d’art, voire le domaine sous-jacent et souvent inaperçu de l’art. Le quotidien à l’œuvre se place à côté de la confrontation directe, il préfère la suspension, la mise entre parenthèses de ce que l’art est, ou devrait être.

Mots-clefs : nourriture, création, manger, goût, esthétique, expérience, Futurisme, Daniel Spoerri.

Présentation de l’auteur :
Barbara Formis, docteure en philosophie, est Maître de conférences en Esthétique et Philosophie de
 l’art au département d’Arts Plastiques et Sciences de l’Art de l’Université Paris I,
 Panthéon-Sorbonne, membre titulaire de l’Institut ACTE (Arts Créations Théories Esthétiques, UMR 8218, C.N.R.S.).
Elle est co-fondatrice et co-directrice avec Mélanie Perrier, du Laboratoire du Geste, plateforme qui
 promeut la recherche, la diffusion et la création dans le champ des arts vivants. Ses travaux portent sur la philosophie esthétique du corps avec une attention particulière aux arts vivants (performance, danse, happenings, évènements) et à leur relation aux phénomènes sociaux et aux pratiques de la vie.
En 2010, elle a publié Esthétique de la vie ordinaire dans la 
collection « Lignes d’art » aux P.U.F. Elle a aussi dirigé deux ouvrages collectifs : Gestes 
à l’oeuvre paru chez de L’Incidence éditions en fin 2008 (rééd. 2013) et Penser en Corps paru en fin 
2009 chez L’Harmattan.
Elle a été 
responsable de séminaires extérieurs au Collège International de Philosophie et 
chercheuse au département de théorie de la Jan van Eyck Academie de Maastricht. Elle a 
publié différents textes dans des revues telles que Art Press, La Revue d’esthétique,
Multitudes, Alter, La Part de l’œil. Elle a été danseuse et poursuit un travail en tant que
dramaturge (notamment avec Richard Siegal sur la pièce ©opirates, 2010, et avec Collette Sadler sur la pièce Making of the Doubt, 2008). Elle a été danseuse semi-professionnelle et collabore avec artistes et chorégraphes, notamment avec Massimo Furlan qui l’a invitée à participer à la pièce Les Héros de la pensée, performance d’une durée de 26 heures au Théâtre de la Cité Internationale de Paris en 2012.
Elle travaille actuellement à deux ouvrages autour de la consommation alimentaire comme pratique de vie et performance artistique : le premier, intitulé Manger, une philosophie est à paraître dans la collection « Le Sens Propre » chez Flammarion ; le second intitulé Esthétique de la performance culinaire, à paraître dans la collection « Lignes d’art » chez P.U.F. Publications prévues pour l’année 2014.